LYNDA LEMAY - Intime et féminine

LYNDA LEMAY

Intime et féminine

La chanteuse québecoise, Lynda Lemay, est au théâtre de l'Européen, à Paris, jusqu'au 20 décembre. Ses débuts en France sont parrainés par Charles Aznavour, tombé sous le charme de cette jeune auteur-compositeur-interprète, à la fibre créatrice. Toute en fraîcheur.


 
 

On se sent un peu comme à la maison sur la scène du théâtre de l'Européen. Un bouquet de roses jaunes posées sur le piano, des chaises anciennes, deux, voire trois lampes en opaline. Car elle se sent un peu chez elle, chez ses cousins français, la jolie québécoise Lynda Lemay. Après ses débuts parisiens au Sentier des Halles au printemps dernier, elle revient à Paris, auréolée du parrainage de Charles Aznavour, complètement tombé sous le charme. Pourtant, au pays de l'érable, elle est déjà une star. Grâce à son second album "Y", qui lui a valu une moisson de prix. Un troisième opus suivra très vite. C'est d'abord et surtout sa passion pour l'écriture qui l'amène à la chanson. Car à seulement trente ans, la blonde et frêle Lynda Lemay déroute. Loin des tendances électroniques actuelles, elle déboule avec sa guitare en bandoulière et un perpétuel sourire angélique. Ainsi qu'une plume suffisamment déliée pour la faire entrer dans la catégorie des chanteuses à textes.

Les souliers verts

Prolixe autant que précoce, Lynda Lemay écrit sa première chanson à l'âge de neuf ans, dédiée à son père. Depuis, elle n'a jamais connu l'angoisse de la page blanche. Elle aurait composé plus de cinq cent chansons. Tout l'inspire. Chaque jour, elle absorbe, telle une éponge, les détails de la vie quotidienne, de la maternité ("j'veux de marmaille, j'veux qu'ça attrape la varicelle...") à des thèmes plus graves comme l'inceste, l'euthanasie ("laissez-la donc tranquille, laissez-la donc dormir, retirez vos aiguilles...") ou dans un registre plus mélancolique "Drôle de mine", un hymne à l'amour pour son crayon. Mais surtout place à l'humour et à la dérision, là où son écriture trouve toute sa force "Au nom de toutes les frustrées" (chanson vengeresse à l'intention des maudites femelles) ou lorsqu'elle fustige les visites qui débarquent à l'improviste. D'ailleurs "La visite" comme "Les souliers verts" sont désormais les classiques de Lynda Lemay que le public réclame systématiquement.

L'avantage avec les artistes québécois (on aura pu le vérifier avec Lhasa de Sala), c'est qu'ils "causent" entre les chansons... Lynda Lemay en profite donc pour donner quelques rudiments de québécois "ben de chez nous". On apprendra que des "agaces" sont des allumeuses, "mémérer" s'emploie pour critiquer dans le dos des autres, que "chauffer une vanne" se dit pour conduire un camion. Evidemment ça aide pour la suite du spectacle. Et cela devient très drôle. On pourra la trouver parfois un peu niaiseuse lorsqu'elle chante "Les filles seules" avec un regard appuyé sur sa violoncelliste dont le public est prévenu à l'avance qu'elle est cé-li-ba-taire.

Pascale Hamon

Discographie :
Lynda Lemay (WEA 1998)
Et aussi : Nos rêves ( 1991 non distribué en France) et Y (WEA 1994)