Article publié le Samedi 2 avril 2005.


UNE BELLE PLUME
Lynda Lemay


Michel Drucker consacre cette soirée à Lynda Lemay. De nombreuses personnalités et amis fsont présents, Laurent Gerra, Bénabar, Renaud et Romane Serda ... Cette année, la chanteuse québécoise est numéro un des ventes d’albums en France avec son nouvel opus Un paradis quelque part.

Née à Portneuf, au Québec, en 1966, Lynda Lemay a écrit sa première chanson, intitulée Papa, es-tu là? à l’âge de neuf ans. Depuis, elle n’a jamais connu l’angoisse de la page blanche. Il ne se passe pas une semaine sans qu’elle n’enrichisse son répertoire constitué de près de 500 chansons.

De son propre aveu, ses créations sortent spontanément de sa tête, de son ventre et de son cœur. « Je suis incapable d’écrire la moindre note de musique, dit-elle. Je trouve des lignes mélodiques en grattant ma guitare et j’enregistre immédiatement ces notes. Je me laisse guider par l’émotion, alors rimes et paroles se bousculent dans ma tête. » Adolescente timide et réservée, Lynda s’exerce à la littérature. A 18 ans, elle entreprend des études en lettres et commence un roman. Son destin bascule le jour où elle se met à tapoter les touches du piano familial. « J’ai rapidement compris que la chanson était ma vraie voie. »

Lynda est capable d’écrire, de composer et d’interpréter, avec la même veine, des refrains teintés d’humour et des couplets tragiques, évoquant, avec tact, les problèmes de l’euthanasie ou du suicide.

Chaque jour, elle absorbe, telle une éponge, les grands et les petits faits de l’actualité. Ils ressortent ensuite en vrac de son esprit. « J’imagine ma réaction si je me retrouvais dans la situation de mon personnage. Je peux ainsi raconter une histoire déchirante, même dans l’un des moments les plus heureux de ma vie. » Une ambivalence dont elle a su tirer profit.

Son charme et sa jeunesse ne correspondent pourtant pas, a priori, à la profondeur de ses textes. « Le public est surpris quand, après m’avoir entendue, il me découvre pour la première fois, à la télévision ou sur une scène. Il m’écoute alors un peu plus attentivement encore. »

Parfois, on la compare à Brel, Brassens ou à d’autres poètes français. « C’est d’autant plus flatteur que je ne me suis jamais inspirée de leurs œuvres. Parfois, je vous l’assure, j’ai eu à peine l’occasion de découvrir leurs textes! »

Dans ses jeunes années, l’image de la France, pour Lynda, c’était d’abord Johnny Hallyday. Elle collectionne avec passion tout ce qui touche à sa carrière. Les débuts de Lynda remontent à 1988. Elle remporte alors une série de concours au Québec. En France, elle obtient, en 1995, le prix Sentier des Halles aux Francofolies de La Rochelle, puis, l’année suivante, deux prix au Tremplin du Chorus des Hauts-de-Seine.

Entre ces deux dates, elle enregistre un album sacré Disque platine au Québec : 160 000 exemplaires vendus! En 1996, à Montreux, elle a été l’une des invités d’un hommage à Charles Trenet, organisé par le Festival de jazz. Ce soir-là, Charles Aznavour, présent dans la salle, est tombé sous le charme.

En 2001, on soulignait les dix ans de carrière de Lynda. Une carrière encore bien jeune mais dont le parcours est jalonné de succès et de réalisations remarquables…

En 2005, la chanteuse québécoise est numéro un des ventes d’albums en France avec son nouvel opus Un paradis quelque part. C’est un nouveau succès pour Lynda Lemay. Ce nouvel album semble suivre le même destin que Le secret des oiseaux et Du coq à l’âme. Sur ce huitième album, la plupart des 16 chansons, ballades acoustiques et morceaux plus enlevés, sont d’une grande finesse, très touchantes, mais vraiment tristes.

J’tai pas entendu mourir parle d’une femme qui a fait une fausse couche, Paul-Emile a des fleurs évoque le terrible dilemme de l’euthanasie, Les canards raconte l’histoire terrible d’une enfant qui se noie à cause de la négligence de ses parents...

Lynda Lemay a toujours l’imagination fertile, l’aptitude à passer des larmes au rire. Elle le fait avec Monsieur Marchand qui parle d’un rendez-vous chez le dentiste et Mal de l’air, enregistré en live, idéal pour ceux qui ont peur en avion.

Quand elle parle d’amour, elle se fait à nouveau grave: Est-ce que tu m’prends au sérieux, s’interroge-t-elle avant d’avouer Je te trompe.

“ Je suis incapable d’écrire la moindre note de musique. Je trouve des lignes mélodiques en grattant ma guitare et j’enregistre immédiatement ces notes. ”